La majorité des recherches relayées sont issues des sciences naturelles. Elles étaient focalisées sur des projections climatiques de large ampleur et qui se produiront dans le futur, menaces sur les ours polaires, sécheresse et fonte des glaciers, notamment.
Or ce type de narration ne permettrait pas d’activer les mécanismes connus en psychologie pour engager des comportements pro-environnementaux chez les lecteurs. Cette sélection pourrait même à l’inverse provoquer le déni et l’évitement, a indiqué mercredi le Centre pour l’impact et l’action climatique, affilié à l’UNIL et l’EPFL.
Réaction de distanciation
L’étude parle d’une possible réaction de distanciation de la part du public, découlant de cette approche globalisante. « Les individus exposés à ces faits, ne se sentant pas directement concernés, tendront vers un traitement périphérique, superficiel et distrait de l’information », note Fabrizio Butera, professeur à l’Institut de psychologie de l’UNIL et co-auteur de l’étude, cité dans le communiqué.
Les menaces de grande ampleur suscitent par ailleurs la peur. Or, les recherches sur le comportement humain démontrent que la peur peut entraîner un changement de comportement chez les individus et les groupes, mais à condition que le problème présenté soit accompagné de solutions.
Face à des articles purement descriptifs, le public aura ainsi tendance à occulter le problème, rechercher de l’information moins anxiogène et s’entourer de réseaux qui lui présentent une réalité plus sereine.
« Le traitement des sujets environnementaux de manière transversale et axée sur les solutions serait utile. Il s’agirait de montrer que le changement climatique a des conséquences directes sur nos modes de vie, notre environnement immédiat ou nos finances, par exemple », conclut Marie-Elodie Perga, professeure à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre de l’UNIL.
Une couverture médiatique qui augmente
Toutefois, Marie-Elodie Perga précise au micro de l’émission Forum de la RTS que « la première chose à souligner, c’est que, au cours des cinq dernières années, la couverture médiatique sur les questions du climat a considérablement augmenté ». Pour elle, « c’est vraiment une très bonne chose à souligner, un très bon point ».
Mais selon elle, « l’information qui est relayée est extrêmement monolithique. Parmi la diversité des disciplines de recherche qui s’attellent aux questions et aux enjeux climatiques, celles qui sont préférentiellement sélectionnées pour être médiatisées, sont celles qui concernent les changements actuels ou les changements d’ici à la fin du siècle; deux composantes naturelles du système-Terre qui comprennent la fonte des glaciers et le réchauffement des eaux de surface ».
« Par contre, toutes les recherches qui concernent la sociologie, la politique, la philosophie, l’agriculture, la technologie tendent à être écrémées par le processus de sélection médiatique », regrette-elle.